lettres scellées de fils de soie

Bonsoir à toutes et tous,

un correspondant italien m'a contacté pour savoir comment organiser une de ses collections pour l'exposer en histoire postale.

Il s'agit de missives du XVII° siècle français, dont le point commun est d'être scellées de fils de soie. Leur date s'échelonne des années 1620 aux années 1680.



Aucune (il en a une 40aine) ne porte de signe de taxation postale. Nous sommes à l'époque où l'absolutisme s'affirme et la poste aux lettres se structure avec des tarifs plus détaillés et complexes au fil des décennies (cf. l'IHP de Michèle Chauvet) : pour moi, elles auraient été transmises par messagers.

Qu'en pensez-vous ?
Avez-vous connaissance d'un article qui aborderait ce type d'objet ?

L.

Il imaginait les classer en fonction de la couleur des fils... cela me paraît d'un intérêt bien limité ! 
Peut-être pourrait-on en organiser la présentation en suivant les différentes routes de poste qui se sont établies à cette époque ? Cela illustrerait alors davantage la poste aux chevaux... Mais l'ensemble est loin de couvrir l'étendue du réseau existant.

J'ai l'impression qu'il a acheté cela sans réfléchir à leur véritable intérêt postal...

Merci pour vos lumières !

Bonsoir un début de réponse
Essayez ce fil : http://e.boonafoux-amvd.chez-alice.fr/jadis/jadis2/catherine.htm
qui en parle
Si non ce sont des correspondances soit royale en bleu, de la noblesse ou du clergé
notation d’Eugène Vaillé   ( 1er conservateur du musée postal de France)
citant des lettres de Louis XIII : “... la cire étant
ordinairement rouge et noire en cas de deuil

Si cela peut aider. Cordialement

bonjour,

la pratique est largement antérieure à l'organisation de la poste en France (début du XVIIème). Voir ci-dessous un extrait de l'inventaire des biens de feu Charles comte de Nevers, que Dieux absoille.



Charles scellait en vert, pourquoi pas, si cela lui convenait au teint ?

D.

PS : il n'y a pas un pet' de vert dans son blason

Bonjour à tous,
plusieurs réflexions sur ce sujet.
je ne crois pas aux couleurs suivant la noblesse, etc...
Comme l'exemple donné pour le vert, les personnes ne disposaient pas de toutes les couleurs en fonction de lettres à envoyer.
En ce qui concerne ce type de plis, il faut déjà vérifier s'ils n'ont des indications de taxes comme l'exemple ci-après.
Sinon effectivement, ce n'est pas postal mais peut-être développer les différents types de fermetures...
1618

Une lecture intéressante sur les habitudes épistolaires de nos ancètres les mérovingiens et suivants.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65783797.r

On y voit entre autre une lettre avec son fil de soie intact, avant rupture. Son but était évidemment de garantir l'intégrité de la missive (début XVIIè), que l'on ne pouvait lire sans casser le fil.



D.

Il existait plusieurs types de fermeture dont un très ingénieux, le fil ou la ficelle traversait le pli et était scellé d'un cachet de cire des deux côtés et préservait donc la fermeture.
N'oublions pas que les lettres avec cachets de cire intacts ne sont peut-être pas les "originaux", le cabinet noir disposant des tous les modèles de cachets des personnes importantes (voir le Cabinet noir d'Eugène Vallié")
Do

Désolé ceux que j'ai décrit ci-avant ne sont pas scellés de cire mais d'un cachet à sec et sont d'Italie

Bonjour,

merci pour vos remarques et références.

En ce qui concerne les couleurs, la collection réunie en montre une grande diversité (vert, bleu, rouge, jaune) avec leurs nuances (rose, turquoise, etc) sans qu'il y ait de lien avec la fonction de l'expéditeur (ainsi on trouve du rouge ou du vert pour des évêques).

Les usages précoces (XV° pour l'exemple de Doudad) déconnectent cette pratique de l'institution de la poste aux lettres : le postulat de départ de mon correspondant était que ces fils devaient garantir l'inviolabilité des correspondances à cause du viol systématique des correspondances au XVII° siècle. 

Ce tableau, bien noir, me paraissait bien abusif : dès le Moyen-Age on trouve déjà tout un ensemble de techniques pour sceller les correspondances et garantir leur inviolabilité comme vous le suggérez (système de pliage très sophistiqué, etc), et les atteintes ponctuelles au secret épistolaire se retrouvent aussi bien dans l'Autriche de Joseph II, que dans la France de Napoléon, ou pendant les guerres mondiales.

Ce serait alors plutôt une marque de distinction que de sceller ainsi ses missives, plutôt que par le pliage ou l'utilisation de la ficelle ?

Je confirme enfin qu'il n'y a pas d'indications de taxe postale.

L.

La difficulté est effectivement d'en trouver avec des indications tendant à prouver qu'elles ont utilisées un "circuit postal".
Vous avez raison, il a été surement un peu vite dans son achat... et le lot avait surement été trié...
Quant au cabinet noir, Eugène Vaillé situe son "installation à la fin du 16e siècle.
Il écrit (page 47) "Henri IV ne dédaignait pas de s'occuper lui-même du chiffre. (Nom donné à cette époque à ce type de service de "déchiffrement des correspondances")

billarddomi a écrit:

Désolé ceux que j'ai décrit ci-avant ne sont pas scellés de cire mais d'un cachet à sec

En fait, je pense que c'est scellé à la cire, mais elle ne se voit pas, elle est prise entre le papier et une patte, le sceau étant apposé sur la patte, ce qui en reproduit l'empreinte par un effet de gauffrage. La patte est découpée à l'ouverture.

Il y a eu une article là-dessus dans les FM, n°350, c'est dans ma cave au besoin.

D.

Bonjour,

Cela me rappelle l'extraordinaire collection de Michel Binétruy exposée en 1992 à Versailles (Histophil 1).
On n'a pas fait mieux depuis.
Il y en a un tout petit aperçu dans un n° des FM (lettre de Louis XIII de 1621, cachet de cire en croix vers 1430, etc.)

Mare Nostrum a écrit:

Ce serait alors plutôt une marque de distinction que de sceller ainsi ses missives, plutôt que par le pliage ou l'utilisation de la ficelle ?

L'usage très ancien était de sceller les actes officiels de sceaux pendants, chaque sceau certifiant la signature de chacun des intervenants (le sceau était souvent monté sur une bague, anneau sigillaire).

Il est bien possible que les nobles aient peu à peu déplacé cette pratique à leur courrier personnel, le sceau pendant, peu pratique pour les correspondances, étant ramené autour de la missive. Du coup, on obtenait une lettre authentifiée et inviolable.

Ce n'est qu'un hypothèse personnelle.

D.

Guy Dutau a beaucoup écrit sur la fermeture des lettres de cette époque.

Bonjour à tous et bises aux dames,

Citation :

Cela me rappelle l'extraordinaire collection de Michel Binétruy...

Un lien pour avoir un aperçu de cette collection... d'un "autre monde"!!!
https://issuu.com/boule_auctions/docs/151204_-_part_2

avec page 114 à 118, quelques lettres "soyeuses" et non postales.

A bientôt.
Michel

Merci à tous pour vos contributions.

L.