Le retour de Biquette (1).

Bonjour,

La saga qui suit est le fruit de mon imagination; j'espére qu'elle vous détendra un court instant. Toute allusion à des amis du forum est évidemment fortuite. Comment pourrait-il en être autrement, je vous le demande?


Deux jours d' errance avec Biquette pour enfin retrouver le chemin de la réserve, c' est long. Nous allions arriver, guidés par la fumée dégagée par un caribouquiniste qui achevait de se consumer, dans un coin du campement, entre les latrines et un bandit manchot. Du haut de la colline, on apercevait la tribu rassemblée autour du vieux sage entouré d' un observateur de l' OPEP et d' un montreur d' ours néozélandais. Inquiet de notre absence, cet aréopage avait déjà dépêché un jeune émissaire converti brûler un gros cierge à Notre-Dame des Six-Filles-Lisses dans la paroisse pentecôtiste d'à-côté, juste en face de la chapelle de Sainte-Vergeture. Notre retour, fêté comme il se doit, se termina par une grande bamboula arrosée à l'alcool de gratte-cul mélangé à du sirop des rables de missionnaire. Deux ou trois fausses vierges qui faisaient tapisserie sous un totem en stuc d' Abraham Lincoln se donnaient du plaisir avec un cactus des Epinay (code postal:27221). Un vieux clairon oublié par un sudiste sonna enfin l'extinction des feux, un bon seau d' eau froide calma les donzelles.

Biquette et moi étions partis sans un sioux faire une petite virée au village d'à-côté. C'était plutôt un campement, quelques baraques en bois mal alignées, blanchies par l'ardeur du soleil et le chef décorateur de John Ford. Nous arrivâmes accompagnés d'un gringo rencontré en chemin et qui disait se diriger vers Damas. Il était vêtu d' une robe de bure et chaussé de sandales de cuir à semelles en caoutchouc taillées dans un vieux pneu pluie Bridgestone récupéré après le Grand Prix de Monaco. Il devait tourner en rond depuis quelques lunes sans balise GPS, le sol lui arrivait déjà aux genoux; il nous invita à nous rafraîchir à l' unique bistrot du lieu. A l' enseigne de " CHEZ YEN " en mémoire d' une vieille tribu décimée par Buffalo Bill et le mal de Naples, tel était l' endroit. A l' heure de la sieste, s'y retrouvaient un ancien souffleur du théâtre Hébertot, une vieille maquerelle de Tanger et un pope bulgare défroqué, parmi les mineurs de la concession toute proche. Et d'entamer d' interminables parties de manille coinchée ponctuées de bruits suspects qui n' étaient pas tous des grincements de prothèse de hanche ou des claquements de dentier.

(à suivre)

Passez un bon dimanche!

Janon a écrit:

blanchies par l'ardeur du soleil et le chef décorateur de John Ford

ou de John Sturges...