Bonjour,
Une petite lettre sans correspondance de juillet 1870 qui présente plusieurs points d'intérêt - rien de grandiose je vous rassure :
Partie de La-Tour-d'Auvergne (*), elle rejoint Bort (les Orgues) à une trentaine de km, via Tauves puis la route d'Aurillac, son trajet empruntant successivement le Puy-de-Dôme, le Cantal et la Corrèze. Mais pas le Palatinat avec Monsieur de Turenne, lon-lon-la, laissez-les passer (**). Tout cela est tamponné de la 1ère levée du même jour.
Elle porte un 20c Empire lauré, case 64 A2, caractérisé par des tâches (au moins six) devant le visage, que Fontaine et Fromaigeat nomment "fleurons" mais que nos modernes vendeurs aiment souvent qualifier d'abeilles, de début d'abeilles, etc, par confusion volontaire ou pas avec le célèbre 105 A3. Courant 1870, une grosse tâche sur le fleuron sud-est vient les compléter et là on ne devrait plus se tromper.
Au verso, le pli est fermé par une marge de timbre, probablement du 1c lauré vu la couleur du papier et celle de la maculature, qui porte de plus une petite empreinte circulaire que j'imagine être celle d'une tête de vis de fixation du galvano sur le support de la presse, ou plus probablement du dispositif de croix de repère de dentelure.
Pour finir, le destinataire est un Mégemond frères, fabricant de... chapellerie (pas très facile à lire). Bort possédait plusieurs ateliers de chapeaux, dont les machines étaient mues par les eaux de la Dordogne (le lac de retenue de Bort est bien plus tardif, post seconde guerre mondiale). C'est justement vers 1870 que Mégemond (dit "le petit Monsieur" à cause de sa taille) développe la mécanisation, qui portera ses ateliers à 4000 chapeaux par jour vers 1895, retombant à 600 en 1906, jusqu'à la fermeture en 1932. Que c'est triste.
Bruno
(*) Orthographe Latour pour la poste.
(**) Le maréchal de Turenne, de la maison de la Tour d'Auvergne, est cité dans la chanson "Les dragons de Noailles" (les paroles sont récentes)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Dragons_de_Noailles