Bonjour à toutes et tous,
les périodes transitoires sont toujours très intéressantes en histoire postale. En voici une illustration supplémentaire.
Rappelons que le Piémont est annexé à la France révolutionnaire courant 1801 et que son roi part faire du tourisme contraint sur les plages de Sardaigne.
Fin septembre 1801, une direction postale est créée à Turin, ancienne capitale ; fin octobre, le bureau reçoit ses timbres en français (TURIN 104) ; fin novembre, un tarif provisoire permet d'écrire de ou vers la France en port totalement payé ou dû, la taxe étant exprimée en décimes.
Par contre, pour les lettres de et pour les 6 départements du Piémont, le vieux tarif de la monarchie piémontaise reste en vigueur jusqu'à fin mars 1802, soit pendant 5 mois. A partir de là, sont appliqués les tarifs français de l'an 8 (taxe en décimes, distance en km et poids en gr.).
Illustration n°1 : lettre de Turin pour Saluzzo, pluviôse an 10 (février 1802).
La distance se calcule en fonction des lettres patentes royales de septembre 1772, l'unité est la lieue de poste. Le tarif lui s'exprime en monnaie locale selon le tarif de mars 1795 : le
soldo (sou) et sa subdivision le
denaro (denier). Ainsi notre lettre parcourt 4 lieues et est, par conséquent, taxée pour 2
soldi et 6
denari, soit 2
soldi et demi (tarif pour une distance comprise entre 3 lieues et moins de 5)
Maintenant je vais essayer d'être clair...
Le glissement
soldi / denari --> décimes est donc progressif, d'abord pour les lettres avec la France en décembre 1801, puis en mars 1802 pour toutes les lettres.
Mais ne risque-t-on pas de s'embrouiller ? il faut 2 soldi pour faire un décime. Lorsque le destinataire verra marqué la taxe 2, par exemple, ce ne sont plus 2 soldi ( = 1 décime) qu'il devra payer mais 2 décimes ( = 4 soldi)
. De quoi perturber et ébranler plus d'un solide berger piémontais ou d'une accorte ménagère turinoise
.
Qu'à cela ne tienne, comme aimait le dire Pierre Desproges. C'est là qu'entre en scène le citoyen Gaultier, l'entreprenant directeur des postes de Turin :