Express Déchiffrage !

Bonjour,

je diversifie quelques éléments d'intérêts "marcophiles" vers les envois "par exprès" ............................ mais dans une époque ""préphilatélique" !!

Si leurs envois sont acceptées dans certaines conditions n'entrant pas en concurrence du monopole de la Poste, il est parfois difficile de déchiffrer si les indications inscrites sont relatives à un "service de transport" ou non !

Je vous soumets cette inscription au verso d'un envoi "par expre"t"" qui me pose des difficultés :




Lettre d'un curé "de Pulieu ?" Bulgneville 6 Juillet 1763 en réponse à un décès. 



Au verso



il me semble lire : 

Remis à .......   ..............
Pour ........ ........ 1 F 15 sols
Pour le 2 ...... de 3 moy (mois ?)
et donné le 18 ...... ......

Merci de vos aides
Jean-Samuel


C'est le jeu pour suer un plus sous la canicule !!!


(ps : si certains ont des références sur ce sujet des "exprès" durant cette période [autres que IHP de M. Chauvet et Traité de Législation et d'exploitation postale de P Jaccottey ] je suis preneur ! (je me demandais si des réponses pouvaient se trouver dans L'Histoire Générale des Postes Française d'Eugène Vaille ?))

Bonsoir,

Jean-Samuel a écrit:

il me semble lire : 

Remis à .......   ..............
Pour ........ ........ 1 F 15 sols
Pour le 2 ...... de 3 moy (mois ?)
et donné le 18 ...... ......

Je complète :

Remis à Thérèse Courtier (? plusieurs interprétations de ce nom possibles)
Pour inds d'obqs * 1F 15 sols
Pour ........... de 3 mois
et donné ce 18 juillet 1763.

(*) inds d'obqs = indemnités d'obsèques (je suis loin d'en être certain.)

Bruno

bonjour,

d'accord avec Bruno, il doit s'agir du règlement des obsèques. Evitez de parler de franc pour 1763 à la prochaine réunion de l'Académie, il en va de votre crédibilité .

Pour les références aux exprès, on les trouve dans les archives et études locales ou régionales, ce qui est plutôt logique, c'est du cas par cas.

On sait par exemple qu'à Pierrefort (actuel Cantal), hors du circuit de la Ferme, un messager municipal a été établi en 1750 avec Saint-Flour, au prix de  30 livres l'an, somme répartie sur les taillables, ce qui est finalement plus avantageux que de payer 3 livres à chaque exprès (Nougaret, Histoire de la poste en Haute-Auvergne).

Trois livres, c'est 60 sols, c'est plutôt élevé.

D.

Bonjour Jean-François,

Doudad a écrit:

Evitez de parler de franc pour 1763 à la prochaine réunion de l'Académie, il en va de votre crédibilité

J'ai pensé que sous l'ancien régime du XVIIIe siècle la pièce de 20 sols (en argent Ag) pouvait s'appeler franc, entre autres. Mais franchement je n'en sais rien.

Tant que nous y sommes, quel est le signe cabalistique qui suit le 1 de la somme de monnaie inscrite sur la lettre, en exposant ? Et qui représenterait donc la livre...

Bruno

Oui, tu as raison, la livre pouvait être appelée franc.

Je retire ...

D.

Bonjour,

Effectivement le contenu me semble bien en accord avec la proposition de déchiffrage, merci.

Pour les modalités de mise en œuvre de ces transports par porteurs cela semble bien s'apparenter à une multitude de "cas particuliers" qui ne seront visibles que "localement" ........................................... mais je ne désespère pas d'y trouver quelques "habitudes" de fonctionnement.


Pour les types de monnaies utilisées voici 2 exemples : 

La première de 1789 indiquerait "avec 300 ?" ("livres" si on considère que le Francs est instauré en 1795?)




La deuxième de 1820 indiquerait "avec 441 F 60 cts" 




Je repose une question annexe : quelqu'un possède-t-il les ouvrages de Vaille et pourrait-on y trouver des informations sur 
ces "Expres" ?

JsF

Re-bonjour,

je reprends ce que j'ai dit : il semble que le signe" cabalistique" qui suit le 1 # et le 300 # puisse être l'abréviation de 2 ff ! (Ce qui nous ramènerait à une appellation "Francs" ?)

jsF

Il doit s'agir, en 1763 comme en 1789, de lt pour livre tournoi.

Bruno

Bien sûr ........................ cela paraît tellement évident quand on a la solution !!!!! 
Merci
jsF

Jean-Samuel a écrit:

Je repose une question annexe : quelqu'un possède-t-il les ouvrages de Vaille et pourrait-on y trouver des informations sur 
ces "Expres" ?

JsF

Bonjour,

le volume VI de l'Histoire générale des postes de France d'E. Vaillé est consacré à la période 1738-1789, constitué de deux volumes pour un total de 750 pages.

Le trois derniers chapitres (+/- 50 pages) du volume 2 sont consacrés aux "messageries" royale, de l'université, de villes : je te le passe dans le courant de l'été 

Je crois qu'il faut en fait différencier 3 cas de figures :

- le plus fréquent : les services de piétons reliant une ou un ensemble de communes (à leur frais) au bureau de la poste aux lettres le plus proche, dans la mesure où il n'y a pas de courrier des postes ni de courrier d'entreprise qui dessert cette ou ces localités. C'est fréquent et normal.

- les services de messageries de villes dont parle Vaillé qui occupent le terrain, aux XVII° - XVIII°, du fait d'un réseau de la poste aux lettres encore limité. Elles disparaissent au fur et à mesure de l'extension du réseau postal d'Etat... et des éventuels procès intentés par la Ferme des postes.

- les porteurs de plis : eux correspondent à la définition d'exprès, c'est à dire un envoyé rétribué pour porter spécifiquement un pli à un destinataire. Cela ne contrevient pas au monopole postal comme l'indique Jaccottey (page 195) :




L.

Des remarques judicieuses ! Merci

Effectivement une bonne partie de la compréhension passera par la maîtrise du vocabulaire !
Je vous soumets ici quelques délibérations de la Régies des Postes aux Lettres où sont évoqués certains accords avec "les habitants" pour compléter le service de distribution des Postes

J'en propose une traduction .................... que j'espère ne pas avoir trop dénaturée !




 p105
Du 11 Novembre 1750
Bureau d’Evreux
Distibution à la Vieille-Lire [Vieille-Lyre] aux frais des habitants


Sur la délibération que les habitans de la de la vieille lire ont arrétées
le huis novembre dernier visée et approuvée par M De Levignen
Intendant a Allençon, par laquelle ils sobligent de payer un
sol en sus de la taxe pour chaque lettre qui sera distribuée aux
lieu de la vieille lire et dans les environs.
La compagnie a délibéré et arrêté qu’il sera établi un
commis distributeur aux lieu de la vieille lire lequel sera
chargé d’envoyer trois fois la semaine a Conches prendre
et porter les lettres, du produit desquelles il comptera au
commis distributeur de Conches, et qu’il ne pourra prétendre d’autres
appointements pour la distribution, et l’expres qu’il envoyera
a Conches que la d. rétribution d’un sol par lettre. Fait et
arrété à l’hotel des Postes a Paris ce onze Décembre
mil sept cent cinquante









 p114
Du 2 Juin 1751
Bureau de Nonancourt
Distribution de Damville aux frais des habitans


Sur les representations faites par les habitants de
Damville que leur éloignement des bureaux de Poste
cause un préjudice considérable a leur commerce
pour le retardement que souffrent leurs lettres, et sur
l’offre qu’ils ont faite de payer un sol par lettre en
sus de la,taxe au particulier qui sera chargé d’aller
trois fois la semaine prendre et porter leurs lettres
a nonancourt, ce qu’il ont arrété par une délibération
que M. De Levignen Intendan a Allencon a approuvée
par sa lettre du 15 mai dernier à laquelle copie de
cette delibération etoi jointe.
La Compagnie a Délibéré et arrété qu’il sera établi
a Damville une distribution qui relevera du bureau de
Nonancourt, et que le particulier en faveur duquel la
Commission sera expédiée sera tenu d’aller trois fois
la semaine a nonancourt pour y prendre et porter ces
lettres, et qu’il ne lui sera accordé pour ce service d’autres
appointements que la rétribution d’un sol par lettre
en sus de la taxe que les habitants se sont engagés
de lui payer. Fait et arrété à l’hotel des Postes
a Paris ce deux juin mil sept cent cinquante un.









 p234
Du 3 Septembre 1758
Pieton D’Arles à Tarascon


Sur la représentation des Consuls dde la Ville dArles que la Dépêche
qui part de Marseillele vendredy pour le Bureau d’Arles et qui arrive a
Tarascon le samedy, y séjourne le Dimanche, ce qui leur fait perdre un
ordinaire et cause un préjudice considérable à leur commerce, que pour y
remédier ils ont arrété par une Délibération homologuée de M. l’Intendant
d’Aix d’envoyer prendre à leurs frais cette dépêche à Tarascon pour la recevoir
le Samedy.
La Compagnie a approuvé cet arrangement sur une expédition en forme qui luy
a été remise de cette Délibérationen date du 23 Juillet 1758. Et en
conséquence elle a autorisé le Directeur d’Arles a faire choix d’un expres
pour aller prendre cette Dépêche à Tarascon et a changer la datte de ses
feuilles d’avis pour Aix, Marseille et Toulon qui au lieu de partir le
Vendredy comme par le passé, partiront le Samedy. Fait et arrété à l’hotel

des Postes à Paris ce trois septembre Mil sept cent cinquante huit.  


Piéton / commis distributeur / expres ........ vocabulaire, vocabulaire !
Jean-Samuel


(ps : "L" merci pour la proposition mais ....................... une opportunité d'achat accessible m'a poussé à acquérir les ouvrages de Vaillé .............................. de la lecture en perspective !!!!)   

Jean-Samuel a écrit:

(ps : "L" merci pour la proposition mais ....................... une opportunité d'achat accessible m'a poussé à acquérir les ouvrages de Vaillé .............................. de la lecture en perspective !!!!)   

 
Salut Jean-Sam, excellent investissement !

Il n'est pas impossible que je t'emprunte le tome 4 ou le 5   

L.

Merci pour ces précisions.

Il semble que dans cette messagerie "hors postal" il y ait qu'en même quelques règles de fonctionnement ......... difficile de s'y atteler mais cela attire ma curiosité !

bonjour,

les messagers exprès dépendant des cités ou des particuliers devaient surtout éviter d'empiéter sur le pré-carré de la Ferme, sous peine de graves sanctions lorsqu'ils étaient pris en flagrant délit. Leur champ d'action se limitait donc aux relations d'où la Ferme était absente. La notion d'immixion dans le service des Postes est très ancienne, puisqu'on trouve deux arrêts du Conseil d’État, datés des 18 juin et 29 novembre 1681, qui font interdiction à quiconque ne dépendant pas de la Ferme des Postes de transporter ou de distribuer des lettres ouvertes ou cachetées, sous peine d’une amende de trois cent livres. On rencontre assez souvent dans les archives départementales le cas d'exprès pris avec des lettres de la Poste et qui se sont fait confisquer leur cheval, ce qui représentait alors une grave sanction économique.



Par contre, dans la Déclaration royale de 1759 figure l'autorisation pour les particuliers de faire porter leurs lettres hors la poste dans Paris. Pour la Loi, la limite entre immixion ou pas se situe dans le fait que le transport est effectué ou pas par un tiers. Reste à définir ce qu'est un tiers, et ça, c'est du travail de juge et d'avocat. En gros, si le domestique appointé d'un Monsieur porte un billet doux à une Dame, et rapporte la réponse au Monsieur, il n'y a pas immixion (il y aura peut-être ensuite immixion du Monsieur dans la Dame, mais c'est un autre sujet). Par contre, si un saute-ruisseau porte une commande à un commerçant, là, ça a des chances d'être interdit.

J'ai proposé il y a plusieurs années un texte aux Documents philatéliques sur un sujet qui me paraîssait intéressant, il m'a été refusé comme ne correspondant pas à la ligne éditoriale de la revue (quand je vois certains articles publiés, il me vient parfois une moue dubitative). Bref, je l'ai recyclé sur mon site, pasque là c'est moi le Taulier, sans blague !

http://jef.estel.pagesperso-orange.fr/vericel.html

D.

Bonsoir,

très intéressante, cette affaire Charvet.

Peut-être, JF, les Documents philatéliques auraient-ils souhaité que tu puisses produire un de ces bons de commande ?

L.

bonsoir Laurent,

je ne sais pas, ça n'a pas beaucoup d'importance.

D.

bonjour,

je n'ai pas dit que tous les exprès illégaux se faisaient confisquer leur cheval.

D.

Bonjour Doudad
Tu es très  matinal !!!!
Non bien sûr je n'ai pas dit que tu avais dit ça.
C'est juste pour illustrer le propos et dire que les envois qui ne respectaient pas les règles étaient tout de même très nombreux.
Et que par conséquent ce type d'objet est assez fréquent.

Bonne journée à tous.